Saïd Khallouk (Hôte)
| | Salut à toi Saïd et à tes lecteurs.
Aujourd'hui, chers compatriotes, nous allons traiter de "Tsammrt", terrasse incontournable, où se font les retrouvailles au coucher du soleil. C'est une terrasse en terre battue, située derrière la plupart des maisons Aalahmiates. Elle reçoit les derniers rayons de soleil. C'est là où se tenait le forum oral des familles d'El Aderj, le Quartier Général en quelque sorte, où se prenaient toutes les décisions de groupe.
*Tsammrt, ou le forum des villageois d'El Aderj :
Les plus beaux moments qu’Azor, son frère Hsaïn et ses cousins adoraient, c’était à la fin des cours, quand ils rentraient le soir à la maison. Un goûter englouti précipitamment, souvent café au lait chaud, une galette de pain d’orge, et de l’huile d’olive. Le coucher du soleil hivernal, était pour eux le moment le plus prisé. Ils rejoignaient les oncles, et les gens du village, rentrés de leurs vacations, sur une terrasse derrière la maison de l’oncle Achour. Le plus beau spectacle, auquel ils assistaient, était surtout la rentrée des troupeaux de chèvres de la famille Aït Lhoussaïn qui atteignait parfois jusqu'à 400 têtes, conduits par les bergers, et cernés par les "Slouguis", chiens qui gardent et protègent le troupeau, jour et nuit. Le troupeau est enfermé dans un enclos de branchages d'arbres séchés, où il restera à l'air libre toute la soirée, jusqu'à ce que les hommes décident de rentrer. Pendant que les chèvres allaitent leurs petits, les femmes procèdent à leur traite en même temps. Elles nourrissent également les chiens de restes des plats de la journée et du son trempé dans de l'eau avec un semblant de sauce. Le troupeau le plus admiré, était celui de l'oncle Lhoussaïn ou AAssou Kachaou, des centaines de têtes, qui soulevaient un nuage de poussière qu'on pouvait voir à des milliers de mètres au fur et à mesure qu'il s'approchait du village. Par instinct, les bêtes vont droit à l'enclos, guidées par un des chiens de tête. Les aboiements, mêlés aux bêlements des chèvres et des chevreaux qui attendent impatiemment leurs mères pour les allaiter, constituaient à eux seuls, un spectacle digne des plus grands théâtres de la ville ; un monde féérique, naturel et saisissant.
Ce sont les retrouvailles que le coucher du soleil dictait aux hommes et aux bêtes. C'est tout simplement la vie champêtre et campagnarde d'El Aderj, inoubliable et sécurisante, qui marquera à jamais Azor et ses cousins.
À suivre
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